Blizzard : le nom légendaire d’un studio emblématique qui nous a longtemps fait rêver, adoré par des millions de joueurs à travers le monde grâce à des licences monumentales comme Warcraft, Diablo, StarCraft ou plus récemment Overwatch. Mais ce géant de l’industrie du jeu vidéo a hélas beaucoup perdu de sa superbe depuis. Et son avenir semble pour l’heure incertain, notamment depuis son rachat par Microsoft, alors que ses franchises phares ont du mal à conserver leur aura culte d’antan, et voient même arriver des concurrents potentiellement très menaçants. Un colosse au pied d’argile en sérieux danger, ou une très mauvaise passe avant le renouveau ?
Pour beaucoup, le légendaire studio Blizzard a connu une lente mais constante perte de son prestige à partir de son rachat par Activision en 2008, dirigé d’une main de fer par le très controversé Bobby Kotick. Cette fusion semble peu à peu avoir gangrené une société auparavant connue pour chouchouter ses joueurs, qu’on pensait inarrêtable, avec des jeux cultissimes comme Warcraft 3, son pendant MMO WoW, Diablo 2 ou encore StarCraft 2. Même après son rachat par le groupe derrière la franchise Call of Duty, il nous a tout de même gâté de véritables cartons planétaires comme Overwatch et Hearthstone, qui ont tous deux marqué à leur manière leurs genres respectifs que sont le hero-shooter et le jeu de cartes en ligne. Le lancement de Diablo 4 s’est également présenté comme un retentissant succès. Ces trois titres ont cependant, comme Blizzard, connu depuis un certain déclin.
Il y a également eu de gros ratés et scandales, comme sa tentative de concurrencer DOTA 2 et League of Legends avec un Heroes of the Storm plutôt original, mais arrivé beaucoup trop tard et que Blizzard a peu à peu abandonné, au lieu de lui laisser la chance qu’il avait pourtant largement pour devenir une nouvelle référence. Diablo Immortal, un jeu avant tout dédié aux mobiles, avec l’un des pires modèles économiques de l’histoire, a de son côté fait l’objet d’un colossal tollé de la part des joueurs, qui condamnaient vertement une telle avarice et un tel dédain de sa communauté, à l’époque principalement sur PC. Enfin, le très lucratif et populaire Overwatch fut laissé quasi à l’abandon pendant des années, pour que sorte une suite en free-to-play au modèle économique très mal vu des fans du premier opus, et surtout la promesse absolument pas tenue d’un mode Histoire en coopération, rendant ce second volet quasiment obsolète, et qui a fait fuir davantage de joueurs encore. La sombre affaire de harcèlement moral et sexuel qui a entaché le groupe en 2021 a également sérieusement sali une réputation déjà sulfureuse, de nombreux fans déplorant de voir un de leurs studios préférés tomber dans une telle disgrâce.
Maintenant qu’Activision-Blizzard appartient à Microsoft et que Bobby Kotick a (enfin ?) quitté ses fonctions, on pourrait se dire qu’un nouvel espoir est possible. Pour l’instant, la situation d’ensemble reste malheureusement assez floue. D’une part, le studio a déploré d’énormes vagues de licenciement entre 2023 et cette année. Ensuite, des jeux récents comme Diablo 4 ont certes connu un lancement record pour le groupe, mais qui a depuis perdu une grande partie de ses joueurs. Ainsi, de nombreux autres studios semblent aujourd’hui profiter de cette période d’incertitude chez Blizzard pour essayer de faire descendre ses franchises cultes de leur piédestal. Faisons justement ensemble un état des lieux de la situation actuelle (et future) de ces franchises autrefois mythiques, qui semblent aujourd’hui pour la plupart traverser une mauvaise passe.
Overwatch 2 et Diablo 4, les deux gros jeux de Blizzard les plus récemment menacés
Commençons par les licences de Blizzard les plus concernées par l’actualité vidéoludique récente. Pour rappel, le 6 décembre sont sortis sur PC, PS5 et Xbox Series deux jeux qui ont connu un lancement proprement explosif : Marvel Rivals et Path of Exile 2.
Overwatch : une licence héroïque devenue le vilain de sa propre histoire ?
Le premier est un hero-shooter free-to-play très similaire à Overwatch 2, développé par NetEase (également derrière Diablo Immortal, ce qui est assez ironique, quand on y pense), et qui a enregistré 10 millions de joueurs en seulement trois jours. Grâce à la puissance de la licence Marvel, des héros présents et à venir gratuits, et surtout amusants à jouer, une solide direction artistique et une vision relativement claire quant à son avenir sur le long-terme, le titre a accueilli un véritable exode de joueurs (mais aussi créateurs de contenus et streamers jusqu’alors très fidèles à la licence hero-shooter de Blizzard) déçus et lassés d’un Overwatch 2 ces derniers temps à la peine.
Cette franchise a pour rappel connu un parcours très particulier. À l’origine un MMO futuriste annulé nommé Projet Titan, il s’est ensuite transformé en une inspiration de Team Fortress 2, qui a connu un succès proprement planétaire à sa sortie en 2016, allant même jusqu’à influencer la pop-culture. Ce grâce à des héros attachants et charismatiques, ainsi qu’un lore extrêmement fouillé pour un jeu exclusivement multijoueur, mais surtout un gameplay particulièrement original et rafraîchissant. Puis est arrivée Brigitte en 2018, à l’origine de l’une des pires méta du jeu pendant (trop ?) longtemps : la GOAT, composée de trois tanks et trois supports. Une composition à l’époque incontournable, et donc à force jugée très ennuyeuse à jouer, mais surtout à regarder sur une scène eSportive qui a ainsi désintéressé de plus en plus de spectateurs. Tout cela a forcé Blizzard à introduire une limitation de deux tanks, deux DPS et deux supports, allant à l’encontre de la liberté promise à l’origine par Overwatch. Puis un premier opus alors déjà en perte de vitesse a été mis entre parenthèses en 2019 en raison du développement d’une suite avec un meilleur moteur, des parties passant de 6 contre 6 à 5 contre 5 (avec donc un seul Tank par équipe), un mode Histoire en coopération, et le tout en free-to-play.
Overwatch 2 sortait ainsi en 2022. Son lancement au format gratuit a certes au départ attiré des millions de joueurs, mais aussi provoqué un véritable tollé auprès de la communauté. La faute notamment au fait que les nouveaux héros n’étaient accessibles que via le Battle Pass, et non dès leur sortie, comme sur le premier jeu. Blizzard a depuis retourné sa veste sur ce point, en cachant cependant l’obtention des nouveaux héros derrière des défis, à l’instar de Rainbow Six Siege. De même, l’obtention de cosmétiques est passée d’un système déjà controversé de lootboxes à un double système de Battle Pass et de boutique en jeu (avec des bundles valant parfois le prix d’un jeu complet), via une monnaie à obtenir contre de l’argent réel ou gratuitement, mais de manière atrocement lente et poussive pour créer une rétention on ne peut plus artificielle.
Puis, dernier coup de grâce pour les fans en 2023 : la Team 4 annonce l’annulation pure et simple du mode PvE, pourtant l’argument de vente majeur de cette suite. Celui-ci sera remplacé par des missions en coopération très similaires à celles du premier jeu, réalisables en une trentaine de minutes… moyennant 15 euros chacune. Tout cela a été perçu comme une véritable trahison par les fans, qui ont pour beaucoup abandonné un navire qui, pour eux, prenait beaucoup trop dangereusement l’eau. Overwatch 2 souffre par ailleurs d’un suivi chaotique et d’un équilibrage qui ne sait pas vraiment où il va. L’exemple le plus flagrant d’un manque de vision claire de la Team 4, c’est l’ajout récent d’un événement temporaire baptisé « Overwatch Classic », permettant donc de rejouer au tout premier jeu tel qu’il était en 2016.
Marvel Rivals est ainsi arrivé à un moment très opportun, alors que la dernière licence phare de Blizzard s'embourbe dans ses propres problèmes. Le titre de NetEase semble avoir bien cerné les erreurs commises par son concurrent à ne pas reproduire, pour sérieusement lui voler dans les plumes. On peut cependant aussi lui reprocher, comme chez d’autres titres free-to-play du même acabit, des éléments cosmétiques au prix tout aussi élevé que sur Overwatch 2, contre une monnaie en jeu également difficile à obtenir simplement en jouant. À moins que Blizzard ne réagisse rapidement, il se pourrait quoi qu’il en soit qu’il perde sa position dominante sur le marché du hero-shooter au profit de NetEase et Marvel Games. Rivals est également tombé à pic, juste après l'historique échec de Concord, la tentative totalement ratée de PlayStation de s’imposer dans le domaine. La licence Overwatch peut-elle encore redorer un blason désormais bien terni, huit ans après sa sortie, ou l’heure est-elle enfin venue pour elle de laisser sa place à de nouveaux héros plus jeunes ? Rien n’est moins sûr à l’heure actuelle.
Diablo 4 : le début d’une descente aux Enfers ?
Du côté du hack’n slash, c’est le lancement de Path of Exile 2 en early access qui risque de créer des cauchemars au géant américain et à Diablo 4, une suite à la direction artistique très fidèle à la licence, mais au gameplay et au endgame qui n’ont pas convaincu les fans pur et dur du genre que le légendaire Diablo 2 a popularisé. Après un premier jeu free-to-play considéré par beaucoup comme son digne héritier illégitime, Grinding Gear Games a ainsi lancé le 6 décembre le particulièrement surveillé Path of Exile 2 dans un accès anticipé payant, en attendant une version finale courant 2025, qui sera quant à elle bien gratuite. Et celui-ci s’est immédiatement hissé à la quinzième place des jeux les plus joués de tous les temps sur Steam, doublant le pic maximal atteint par son aîné.
Là encore, les fans attendant un vent de fraîcheur dans le genre hack’n slash se sont donc précipités sur son early access, ce qui risque de faire beaucoup d’ombre à Diablo 4. Malgré la sortie de Vessel of Hatred, une première extension pourtant de solide facture, et de nombreuses saisons ayant grandement gommé les défauts de son lancement, le titre présente une base trop perfectible pour beaucoup de joueurs. Il a également déçu les fans cherchant du challenge sur un hack’n slash, notamment dans le endgame. Sur les agrégateurs comme Metacritic ou encore la page Steam du jeu, on constate en effet que Diablo 4 est largement vu par la communauté comme un titre « moyen », voire pire, malgré de bonnes qualités et surtout un suivi de solide facture, dont Overwatch 2 manque à l’inverse cruellement.
Ce qui ne passe en revanche pas auprès des joueurs, et ce de manière assez compréhensible, c’est la présence d’un Battle Pass payant et de cosmétiques vendus à prix d’or, sur un jeu déjà payant de base. La communauté y a encore une fois vu une avarice malavisée et une incompréhension de la part de Blizzard de ce qu’attendent les fans d’une licence qui ne semble plus en phase avec ses illustres origines. De son côté, Path of Exile 2 entend justement aller à contre-courant de ce que propose Diablo 4, avec des mécaniques aussi riches que complexes et une exigence certaine, qui semble avoir conquis son public habituel, et plus encore. Le tout dans un format free-to-play plutôt respectueux des joueurs, à l’exception cela dit d’emplacements de coffres supplémentaires et autres bonus optionnels, qui sont quant à eux payants.
Blizzard se trouve ainsi assailli sur deux fronts différents sur lesquels il se pensait jusque-là au-dessus de la concurrence. Celle-ci vient maintenant faire planer le doute sur ses certitudes. Une rédemption est-elle possible pour Diablo 4 et Overwatch 2 ? À moins que leurs équipes respectives ne se retroussent rapidement et sérieusement les manches, avec une vision claire et commune pour montrer qu’ils n’ont pas encore perdu leur capacité à nous faire rêver, la partie semble pour l’instant assez mal engagée.
StarCraft et Warcraft, deux légendes du jeu de stratégie oubliées ?
On poursuit le tour des licences légendaires de Blizzard avec Warcraft et StarCraft, deux franchises de jeux de stratégie en temps réel (STR) visiblement laissées en friche depuis la sortie pour le second de Legacy of the Void en 2015. Leurs remasters respectifs sortis ces dernières années n’ont malheureusement pas convaincu les fans d’origine, et encore moins des nouveaux venus généralement peu attirés par les jeux de stratégie. On retiendra aussi en la matière l’extrêmement controversé Warcraft 3 Reforged, sorti en 2020 dans un état notoirement connu comme catastrophique (qui ne s’est pas beaucoup amélioré depuis, malgré de nombreuses mises à jour), avec même des fonctionnalités retirées du jeu de base, et surtout l’abandon total du support des mods, qui sur le titre d’origine ont pourtant donné naissance à des monuments du jeu vidéo comme DOTA (et donc le genre MOBA au sens large). Si Warcraft a connu un nouvel essor grâce à son adaptation en MMO, celles et ceux attendant désespérément un quatrième opus semblent résignés à ne jamais en voir la couleur.
Même triste constat pour StarCraft. Pendant longtemps, cette licence futuriste inspirée notamment de Warhammer 40,000 avait fait vibrer les fans de jeux de STR. Son gameplay extrêmement technique et ses trois factions proprement uniques (une dynamique qu’elle doit d’ailleurs à Warcraft avec ses différentes races au style de jeu radicalement différent) ont ravi les joueurs. Les férus d’un lore touffu étaient également bien servis grâce à des personnages iconiques tels que Jim Raynor, Sarah Kerrigan, Zeratul, et tant d’autres. Mais c’est surtout sur la scène eSportive que StarCraft a connu un véritable âge d’or, notamment en Corée du Sud. À bien des égards, il s’agissait de l’une des licences les plus populaires à niveau professionnel, attirant des millions de spectateurs. Ce avant que d’autres mastodontes comme Counter-Strike ou League of Legends ne lui volent la vedette.
La faute peut-être au genre STR qui a connu un certain déclin au fil des années. Autrefois un fleuron du jeu sur PC, il a pendant longtemps eu beaucoup de mal à s’implanter sur consoles, des plateformes beaucoup plus répandues et lucratives car plus accessibles que des ordinateurs demandant un investissement certain. Mais cela a pris du temps pour rendre ce genre de jeux ergonomique à la manette. De plus, les STR demandent des capacités de macro et micro-gestion pour briller en multijoueur qui ne sont pas à la portée de tous. Avec l’énorme essor de League of Legends et des MOBA, un genre partageant de nombreuses similitudes, mais plus attractif pour la plupart des joueurs, les jeux de stratégie sont devenus de plus en plus niche. Ceci étant dit, ils semblent peu à peu reprendre du poil de la bête, grâce notamment au retour en belle forme de grands noms du genre comme Age of Empires 4.
Malheureusement, Blizzard était dernièrement occupé ailleurs, et Warcraft comme StarCraft ont cruellement manqué de nouveautés majeures depuis bien trop d’années. De nombreux autres jeux se sont depuis manifestés, tâchant d’exploiter cet espace laissé vacant pour proposer leurs propres visions de successeurs à ces licences légendaires. Parmi eux, on peut notamment citer StormGate, que l’on pourrait qualifier de « StarCraft 3 avec une moustache ». Il reprend en effet tout ce qui fait le sel de la licence, avec une grande emphase sur les parties compétitives et l’eSport. Du côté des jeux de stratégie heroic-fantasy similaires à Warcraft, nous avons quelques titres notables comme Godsworn. Peut-on encore espérer un renouveau de Blizzard sur le genre qui l’a fait connaître, avec une digne suite de ces deux franchises phares dans le domaine ? Puisque leur retour par la petite porte des remasters n’a visiblement pas eu le succès escompté, cela a-t-il pu démotiver le studio, ou l’a au contraire galvanisé pour enfin se fendre de Warcraft 4 et StarCraft 3 que beaucoup de fans appellent encore de leurs vœux ? Comme on dit : l’espoir fait vivre ?
World of Warcraft : un ultime bastion de Blizzard qui s’effrite ?
En parlant de Warcraft, il est temps de s’attaquer au dernier jeu de Blizzard qui semble encore tenir fermement debout : son MMO mastodonte World of Warcraft, qui fête cette année ses 20 ans. Nous plongeant dans le foisonnant univers d’Azeroth, le titre a enchanté des millions de joueurs à travers le monde et le temps. Son gameplay diablement simple et efficace, sa direction artistique magique, et surtout son lore fascinant porté par des héros emblématiques comme Arthas, Jaina, Illidan, Thrall, Sylvanas, et des dizaines d’autres en ont fait une référence absolue du jeu vidéo et du MMO. De manière assez cocasse et symptomatique d’un succès aussi énorme, il s’est également attiré les foudres des médias avec notamment le fameux terme de « MEUPORG ».
Au fil d’une myriade d’extensions, World of Warcraft a su se maintenir largement au-dessus de la concurrence, malgré d’innombrables tentatives dans le domaine, comme Aion, Guild Wars, Star Wars The Old Republic, The Elder Scrolls Online, Warhammer Online et tant d’autres. Pendant des années, aucun n’a pourtant jamais réussi à le détrôner tant il dominait le marché d’une main de fer et était bien implanté. Ce n’était pourtant pas faute d’avoir essayé, notamment via des formats free-to-play ou en se départissant du système d’abonnement en place sur World of Warcraft. Mais rien n’y faisait. Contre vents et marées, son MMO phare restait la véritable poule aux œufs d’or de Blizzard. Cette situation de domination a toutefois montré quelques signes de fêlure à partir des extensions Cataclysm, Mists of Pandaria, et Warlords of Draenor. Ces dernières manquaient, selon les fans de la première heure, de nouveautés flagrantes, et ont même institué de profonds changements qui leur ont déplu. Ceux-ci ont cependant pu renouer avec les origines du jeu via la version Classic, malgré le fameux « Vous pensez le vouloir, mais c’est faux » de J. Allen Brack, ancien PDG de Blizzard, destitué de son poste après l’affaire de harcèlement qui a grandement entaché le studio.
World of Warcraft a ensuite fait les montagnes russes avec les extensions suivantes : Legion a été grandement appréciée, Battle for Azeroth beaucoup moins, Shadowlands a divisé, et Dragonflight fut globalement très bien accueillie. La toute dernière, The War Within semble également avoir connu une réception plutôt positive. Le retour de Chris Metzen, une figure emblématique de la licence, y a certainement grandement contribué, ainsi que l’annonce de la fameuse Worldsoul Saga, qui se traduira par l’arrivée de deux autres extensions à l’avenir. Mais ces quelques signes de faiblesse ont permis à un sérieux concurrent de s’établir comme un potentiel nouveau MMO de référence, après pourtant un lancement catastrophique, mais une belle rédemption depuis : Final Fantasy XIV. À l’époque de l’assez mal-aimée extension Battle for Azeroth, celui-ci comptait même plus de joueurs que World of Warcraft, qui s’est cependant depuis rattrapé avec notamment Dragonflight et The War Within.
Mais c’est surtout un nouveau joueur dans la cour des MMO qui pourrait grandement faire trembler Blizzard sur le seul terrain où il occupe encore une relativement solide place : Riot Games. Le studio derrière League of Legends entend en effet créer son propre pendant de World of Warcraft dans le tentaculaire univers de Runeterra, également riche d’un lore tout aussi titanesque que celui d’Azeroth, voire peut-être même plus. Si on en sait encore peu de choses, on sait du moins que le studio ne manque généralement pas de très bonnes idées, mais surtout d’une structure particulièrement solide, d’énormes moyens et d’un vent en poupe grâce au succès planétaire de la série Arcane. On peut par ailleurs prendre notamment l’exemple de l’énorme percée de Valorant, qui a mine de rien réussi à marcher sur les plate-bandes d’un Counter-Strike qu’on pensait indétrônable. Les fans de MMO en manque de fraîcheur doivent donc surveiller ce que Riot Games prépare sur ce terrain avec beaucoup de curiosité. Pour ne pas se laisser prendre de court comme dans les cas précédemment cités de Marvel Rivals et Path of Exile 2 pour concurrencer Overwatch 2 et Diablo 4, Blizzard doit donc s’armer des bons outils et d’une vision claire pour garantir l'hégémonie de World of Warcraft dans le domaine. Reste ainsi à voir ce que l’avenir réserve pour son ultime poule aux œufs d’or.
Quel avenir pour Blizzard ?
On constate donc que quasiment toutes les licences naguère emblématiques de Blizzard présentent plus ou moins de sérieux signes de faiblesse depuis quelques années. Ses derniers jeux sortis ont certes connu de gros lancements, mais ont ensuite de manière tout aussi fulgurante perdu de nombreux joueurs, la faute principalement à diverses polémiques très maladroites et le manque de vision claire d’un studio qui semble trop se reposer sur ses acquis et ne pas savoir faire face aux évolutions du marché et répondre aux attentes de la communauté. Le groupe semble également avoir beaucoup de mal à se diversifier et repartir sur de bonnes bases. Aux dernières nouvelles, il travaillait notamment pendant un temps sur un jeu de survie de son propre cru, alors que le genre connaissait un important essor. Celui-ci a malheureusement été annulé suite au rachat du groupe par Microsoft. Ce a priori afin de concentrer ses ressources sur des projets potentiellement plus lucratifs. Donc sur ses franchises déjà établies… avec lesquelles le géant américain semble justement piétiner.
Plus récemment, nous apprenions que le studio recruterait pour un shooter en monde ouvert non-annoncé. Si l’on en croit le dernier livre de Jason Schreier, Play Nice : The Rise and Fall of Blizzard Entertainment, un jeu de tir dans l’univers de StarCraft serait en développement. Il serait peut-être alors question d’une sorte de résurrection du prometteur, mais hélas abandonné il y a une vingtaine d’années, StarCraft Ghost. Puisque la licence est pour ainsi dire sous assistance respiratoire (pour ne pas dire morte) depuis bientôt 10 ans, un tel retour pourrait être aussi bienvenu que salutaire… sauf si l’on prend en compte le fait que les jeux en monde ouvert font plutôt mauvaise presse depuis la multiplication de ce genre d’orientation à outrance.
Selon les derniers bruits de couloir, Blizzard travaillerait enfin sur « de nombreux autres projets prometteurs », si l’on en croit différents représentants de Xbox. Nous n’en avons hélas pas vu la couleur lors de la BlizzCon 2024, la grand-messe annuelle de Blizzard, qui avait pour rappel été annulée. Cette décision était a priori motivée par le récent rachat du groupe par Microsoft, avec les soucis de restructuration (qui se sont principalement traduits par des licenciements en masse) que cette opération à 69 milliards de dollars a engendré. Peut-on s’attendre à des annonces plus concrètes à l’occasion des futurs événements Xbox, ou à une BlizzCon 2025 pour l’instant hypothétique ? C’est du moins ce qu’on espère pour Blizzard, qui plus que jamais semble avoir besoin de rebondir et redorer un blason terni depuis hélas bien longtemps.
Une forme de disgrâce qui fait franchement mal au cœur, notamment pour votre serviteur, qui tenait le studio en très haute estime il y a encore quelques années (et quelque part continue à l’apprécier pour ce qu’il a représenté pendant son âge d’or). À l’heure actuelle, difficile de prédire si Blizzard peut encore se relever et connaître la rédemption, après avoir autant déçu sa communauté dans les dernières années. On sait cependant que de tels miracles existent, en témoignent les belles remontées de Cyberpunk 2077 ou encore de Final Fantasy XIV mentionné précédemment. Mais cela demande une volonté de fer et une gestion impeccable. Chose qui pourrait être plus ou moins délicate pour le conglomérat absolument tentaculaire qu’est devenu Blizzard en rejoignant Xbox. On espère malgré tout que l’avenir sera porteur de bonnes nouvelles pour le studio, et qu’il saura à nouveau nous faire rêver et hurler de joie à chaque annonce d’un nouveau jeu, comme à la belle époque. La balle est désormais dans leur camp pour rallumer la Lumière dans les yeux des fans, ou à l'inverse devenir le Arthas de leur propre histoire, un roi déchu assis sur son trône terni par les ans, avec pour seul sujet un vent glacial lui soufflant continuellement ses erreurs passées.